La relation la plus ordinaire est un face à face où je regarde l’autre à partir de mon mental qui ordonne, juge, compare… Dans ce face à face, il y a vraiment deux personnes qui, au bout du compte, ne peuvent que s’utiliser comme faire valoir ou occasion de conflit. L’autre est différent ; soit il est dangereux, il va s’agir de se protéger ou d’attaquer, de critiquer, soit il est attirant, je veux l’aimer ou/et qu’il m’aime pour me sentir exister moi. Dans tous les cas, il est essentiellement le miroir de mes schémas, de mes fonctionnements, de mes limites. L’autre est un objet.

Une façon d’être en relation « transpersonnelle » – plus que personnelle ou spirituelle – serait une relation où le face à face ne concerne plus « deux » qui se regardent, chacun à partir de chez lui mais, où l’un, l’autre, peut se dire : je suis là dans mon corps et je te regarde à partir d’une ouverture qui n’est ni psychologique, ni volontaire, mais une ouverture enracinée dans ce corps et dans le lien à une dimension plus vaste.

Si, comme Douglas Harding, j’installe à la place de ma tête un large espace vide et disponible,

Si, comme Richard Moss, je respire en élargissant le champ autour de moi et j’inclus l’autre dans cet espace,

Si je me détends,

et j’accueille l’autre, et moi, et tout ce qui est là,

alors il n’y a plus cet autre ET moi, il n’y a plus un sujet moi et un objet toi, et je vois cette personne, je l’entends, comme un être semblable à moi. Il n’y a même peut-être plus de moi et de toi par instant et par grâce !

Oui, nous sommes tous différents et oui, nous sommes semblables et si je regarde depuis l’ego, le mental, je ne vais voir ou imaginer que la différence ou la « mêmeté » pour me rassurer, me conforter, me permettre d’exister. Il n’y a aucune place pour l’autre tel qu’il est.

Si je le regarde à partir de mon souffle et dans la conscience d’être bien plus vaste que ma petite personne, que je respecte, alors je vais voir ce qui nous unit, je vois que nous sommes un et depuis cette rencontre, il y a la place pour la différence, il y a la place pour le dialogue, mais ils s’ancrent dans le plus vaste, dans l’un, dans ce qu’on peut sans doute appeler l’amour. Si je regarde l’autre à partir de cette vastitude, avec la foi qu’il est aussi cette même vastitude, il y aura l’espace pour tout ce que nous sommes, lui et moi, à tous les niveaux.

Et comme notre mental prend parfois le dessus, comme notre ego fait souvent son malin, dans nos relations nous nous trouvons souvent à utiliser l’autre, un peu ou beaucoup : pour nous sentir important ou au contraire nul, peu importe pourvu que cette relation conforte l’ego, le mental dans leurs histoires… ces histoires qui peuvent faire de la vie un éternel connu.

Les moments où nous pouvons vivre les relations à un niveau transpersonnel ouvrent des moments d’inconnu, des champs vides et pleins de présent, de mystère à recevoir en cadeau…

Il s’agit donc de point de départ de la relation : une relation transpersonnelle a un point de départ transpersonnel. Une des bases du transpersonnel, c’est la foi dans le lien. Tout ce qui est est relié à tout ce qui est. Tout est Un. La relation interpersonnelle est l’occasion de cultiver un jardin où nous mettons en pratique cette foi, là tout de suite avec ceux qui sont là.

Il y a la possibilité de moments transpersonnels dans nos relations et soyons conscients, sans jugement, des moments où nous sommes de nouveau dans une recherche égotique de différence, de comparaison, de conflit.

Nous perdre et nous retrouver, n’est-ce pas notre vie d’être incarné ?

Au-delà de l’idée du bien et du mal, il y a un champ, je t’y retrouverai.

Rumi, poête soufi