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Accueil » La spiritualité et la corporalité sont-ils des concepts antagonistes ou complémentaires ?
Entretien avec Brigitte Chavas
Article paru dans la revue Solutions Naturopathie
Interview « Psy en Corps » « Regards croisés »
Rubrique : 7éme chakra
Présentation de Brigitte Chavas :
BC : Je suis très engagée dans la psychologie transpersonnelle, comme thérapeute, comme formatrice, comme superviseure et en tant qu’auteure, ayant écrit et co-écrit plusieurs livres. Mon chemin personnel et professionnel s’est beaucoup articulé autour du corps. J’ai d’abord été enseignante de Taïchi, sophrologue, relaxologue, somatothérapeute. Le corps et la relation sont donc les 2 axes de tout mon chemin. La relation est au cœur de l’accompagnement.
Nous passons donc aux questions :
Il semblerait que certaines personnes s’appuient sur leur spiritualité pour engager leurs actions, leur comportement, leur développement personnel. En revanche, d’autres personnes utiliseraient des références « spirituelles » pour se raccrocher à plus Grand, en tant que repères extérieurs qui entravent leur responsabilité face à la réalité.
BC : En thérapie transpersonnelle, on considère l’être humain comme un être spirituel sur un chemin d’incarnation. D’emblée, ce regard informe les personnes sur le travail en thérapie. Je suis beaucoup confrontée à cette information-là : vivre dans un corps en étant des êtres spirituels. C’est le paradoxe de notre incarnation : vivre dans un corps en étant des êtres spirituels, un être infini dans un corps “fini”.
Cela se pose plus ou moins dans la réalité de la thérapie, des accompagnements avec des personnes qui sont ou se pensent être beaucoup dans la spiritualité et d’autres personnes qui sont très attachées au corps et peu ouvertes à une autre dimension.
BC : oui, je vois qu’il y a beaucoup de personnes qui s’ouvrent à des questions spirituelles. Il y a une grande soif de spirituel. J’imagine que l’effondrement des religions y est pour quelque chose parce qu’elles répondaient sans doute d’une certaine manière à ce besoin de spiritualité. Je vois une perte de sens global dans notre monde, centré sur l’avoir, sur la performance, sur la réussite sociale. Je vois aussi très nettement, depuis un an, depuis le début de l’évènement “Covid” plus de personnes qui semblent prendre conscience d’un besoin spirituel.
BC : C’est une spiritualité qui simplifie la vie, qui désencombre. Elle accompagne l’être humain sur un chemin d’acceptation et d’amour ; un chemin d’engagement dans sa propre humanité et une spiritualité aidante est une spiritualité qui aide à trouver son centre, son cœur.
Ainsi, le centre ne peut se trouver que dans le corps. Tout comme le cœur … Un cœur qui n’est pas installé dans un corps ne peut pas se déployer.
C’est dans le corps que le cœur trouve sa place et peut s’ouvrir, véritablement.
Sans corps, c’est à dire sans racine, sans ancrage, le cœur “n’est pas là “
BC : cela permet une plus grande intimité avec soi-même, une plus grande connaissance de soi ; et donc, une possibilité de prendre soin de soi et d’accueillir tout le soi, du plus corporel au plus subtil.
BC : J’ai plusieurs repères d’enseignants, comme John Welwood qui prône une psychologie de l’éveil. Il parle de double déploiement. Il dit que l’être humain aspire à se déployer de manière horizontale psychologiquement, corporellement et en même temps à se déployer de manière verticale, c’est à dire, spirituellement, et tout à la fois énergétiquement sur chaque plan.
En fait il s’agit d’accepter son humanité et de l’ouvrir à du plus vaste.
Jean Yves Leloup, lui dit : « devenir de plus en plus humain et de plus en plus divin en même temps ».
BC : Au contraire, une spiritualité limitante est une spiritualité qui enferme, qui complique au lieu de simplifier, avec des dogmes, des croyances et des obligations, qui au lieu d’ouvrir, en fait, referment.
Je vois parfois des personnes qui hiérarchisent beaucoup en plaçant la spiritualité au-dessus de l’humanité, ou du corps, qui s’obligent à beaucoup de choses qui les referment, qui leur complique la vie, et qui les rend désagréables avec les autres dans le quotidien.
Parfois, ce serait lié à des questions de “sécurité”, lorsque la détente, le lâcher prise fait peur , et en même temps, chacun a une part en soi “qui veut bien faire” et ces personnes croient bien faire de cette manière-là.
BC : Cela devient limitant et entraine un risque de passer à côté d’une dimension spirituelle et de la dimension corporelle humaine, puisque l’esprit et le corps sont indissociables. C’est l’ensemble de notre existence qui cherche à se rendre indisponible dans ce cas-là. Donc pour moi, il s’agit vraiment de conjuguer enracinement et ouverture. Les risques d’oublier le corps sont nombreux : entre le risque de confondre esprit et mental, le risque d’oublier l’écoute qui est au centre des spiritualités, et le travail avec le corps : tout cela est de l’écoute. Existe aussi le risque d’oublier le cœur qui est enraciné dans le corps ; et celui de ne garder le corps que comme un outil alors qu’il est tout de même un peu plus que cela.
BC : Les personnes des générations qui ont aujourd’hui 70/80 ans, le corps n’existait pas vraiment. Il y avait une morale qui disait que l’on n’écoute pas son corps. S’intéresser trop à soi était “mal”, on devait s’intéresser plutôt aux autres.
Nous avons réconcilié cela : comment puis-je être avec moi ET avec l’autre.
Je suis allée à fond dans le corps, à 20 ans parce que j’avais uniquement un corps “sportif”, pas forcément un corps-être ou un corps vivant, plus un “corps-outil”. Certains de notre génération (50/60 ans aujourd’hui) ont plus mis le corps “au centre” et c’était vraiment bien. Je travaille beaucoup avec les ados, les jeunes et je vois que beaucoup de jeunes aujourd’hui sont peu dans le corps, pour d’autres raisons. Ils sont énormément sur les réseaux sociaux qui n’impliquent pas vraiment un vécu du corps et une tendresse pour le corps, mais plutôt l’image : c’est l’image du corps qui est à l’œuvre ; et parfois de manière assez catastrophique, pour certains jeunes. Il y a toute une autre catégorie de jeunes, selon le milieu dans lequel ils ont grandi sans doute, qui au contraire ont inclus le corps, la relation au corps comme étant centrale dans la vie. Ce n’est peut-être pas une majorité, mais ils existent !
BC : Pour moi, une spiritualité sans corps est comme un corps sans jambe, sans pied ; comme une vie sans demeure, sans lieu, sans espace. C’est notre chemin d’unifier le corps et la spiritualité.
BC : Bien sûr, cela fait partie de nos besoins fondamentaux dans la mesure où nous sommes des êtres spirituels qui s’incarnent, et dans la mesure où nous avons une double nature. Une nature matérielle, corporelle, individuelle “finie” et une nature spirituelle.
La citation de T de Chardin : » Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle, nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine. «
BC : Il s’agit plus de dévoiler quelque chose que d’y accéder. Les voies sont nombreuses ; il serait plus question de développer une attention et une écoute, d’abord, attention et écoute qui sont : à soi, donc à son corps et à tout ce qui est là. J’aime bien ce que dit Deepak Chopra : “notre corps est une rivière où coulent des sensations, des émotions, des pensées. Développer l’attention, l’écoute est la base. Et selon qui nous sommes, selon les moments : l’art, la beauté, la nature, la méditation, les thérapies, les pratiques et les relations sont autant de chemins, des chemins de conscience, en fait.
BC : La posture du thérapeute est très importante. Plus la posture est une posture d’accueil, d’acceptation, de validation, d’écoute, plus la personne va pouvoir se détendre, s’accepter, s’écouter elle-même et plus elle va avancer sur ce chemin. Le regard sur la personne peut aussi être ancré à différents endroits pour un thérapeute. S’il est ancré dans la recherche d’un diagnostic ou ancré dans la recherche de solution, ou s’il est ancré plus profondément dans la dimension du cœur au sens large, il va induire des choses différentes. Le regard qui est porté sur la personne avant de parler, de toucher, est essentiel. Ce point de départ est essentiel avec une intention venant du cœur. “notre état d’être est contagieux”
BC : le toucher est aidant à plusieurs titres : un toucher respectueux qui permet à la personne de trouver du respect, de l’acceptation et de l’amour en elle, par “contagion” ; le toucher ramène la personne dans son corps, dans son humanité, dans son histoire. C’est un thème important de nos vies humaines que d’accepter notre humanité et notre histoire.
Le toucher peut aider la guérison du cœur par le corps.
Si le point de départ du thérapeute est dans le plus profond, le “plus vaste”, il peut permettre à la personne de s’ouvrir à du plus vaste.
Si le thérapeute peut à la fois incarner l’enracinement et l’ouverture, il va offrir à son client, un accueil, à la fois, du corps, de la spiritualité et de tout ce que la personne est.
BC : La spiritualité est l’ouverture et elle a besoin d’être ancrée dans le corps, dans l’humain “fini” pour s’éveiller. D’autre part, nous savons aujourd’hui et nous avons souvent l’expérience que dans chaque cellule, et dans chaque ressenti du corps, il y a sans doute un accès vers l’infini, et ça c’est important.
Chaque instant de nos vies dans nos corps sont des accès possibles à l’infini, au plus vaste.
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