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Accueil » Un « corps que j’ai » ou un « corps que j’aime » ?
J’aimerais remercier, et du fond du cœur, les principaux enseignants qui m’ont guidée et me guident sur un chemin de vie où le corps a une place prépondérante : Jean-Pierre Rossetti et Chantal de Dianous qui ont su allumer chez moi l’étincelle vers une vie incarnée grâce au Taiji Quan et à la méditation, Monsieur Gu Mei Sheng à Shanghaï auprès de qui j’ai pu pratiquer le Taiji et malmener un peu l’arrogance de ma jeunesse, Richard Moss qui a été et reste un guide irremplaçable pour une vie et des relations plus conscientes dans le corps et tous ceux que j’ai moins rencontrés mais dont la présence et l’enseignement m’ont beaucoup éclairée: Stanislav Grof, Jack Kornfield, John Welwood… Je pourrais citer aussi des livres … et l’accompagnement des différents thérapeutes qui ont su me soutenir avec tellement d’amour. Enfin je remercie vraiment tous mes compagnons d’hier, d’aujourd’hui et de demain si précieux sur ce chemin d’incarnation, et toute cette toile de relations dont je fais partie.
J’ai une pratique du corps, avec le Taiji Quan en particulier, depuis bientôt trente ans ; cette pratique est la base de mon évolution, de ma transformation, bien autant que le travail que j’ai fait en psychothérapie par la suite. Et encore j’ai eu la chance de rencontrer pratiquement d’emblée la thérapie transpersonnelle – et je remercie là Bernadette Blin et Francis Lery – thérapie qui accorde au corps, comme à la dimension spirituelle de l’être humain, une place prépondérante.
C’est à partir de cette vision transpersonnelle que je m’exprime : une vision où l’homme est un être spirituel sur un chemin humain. Dans cette vision, le corps est primordial dans la mesure où il est le lieu essentiel de l’expérience de la vie et de la conscience. Je crois que dans le corps, jusque dans la cellule, habite l’entièreté de l’être humain, sa singularité, son histoire et ce qui le relie à l’humanité, et à tout le Vivant ; dans la recherche de connaissance de soi, la relation avec le corps est la base d’une nouvelle façon d’être et de vivre.
A partir de ma propre expérience et de celles des personnes que j’accompagne, je vais parler ici du corps quotidien : le corps senti, le corps éprouvé jusqu’au corps vécu, le corps de l’adulte dans sa réalité d’aujourd’hui. De l’objet à la rivière, nous distinguerons les différents types de relations au corps. Nous rechercherons les différentes expériences de vie et exercices qui permettent de descendre dans le corps pour exister. Nous aborderons la dimension de l’être, du « corps que l’on est », et nous verrons combien le chemin du corps est d’abord un chemin d’attention, un chemin d’amour.
Mon corps : quelle que soit la manière dont je considère mon corps, quelle que soit l’image que j’ai de lui, mon corps est là et, même si je veux l’ignorer, il se rappellera à moi d’une manière ou d’une autre ; la relation à mon corps est une relation à vie imposée par mon humanité : être humain et personne ne le nie c’est au moins avoir un corps. Nous sommes avec notre corps, toujours. En tant qu’adulte, et d’autant plus adulte en recherche, en questionnement, nous savons qu’il est là à chaque instant, fatigué, désirant, affamé, tendu, heureux ; avoir un corps, sur un chemin de conscience, c’est une exigeante et quotidienne aventure de présence : que vais-je faire avec cette fatigue, ce désir, cette faim, ces tensions, ce bien-être qui tous viennent de mon corps au présent? Ecouter, ignorer, répondre sans même sentir, en faire une occasion de conscience ?
On dit qu’on ne peut pas ne pas communiquer, le corps non plus ne peut pas ne pas communiquer. Mais comment reçoit-on les messages qu’il émet? Sensations, émotions, symptômes, maladies, … C’est ce qui va déterminer le type de relation qu’on a avec lui. Je vais citer plusieurs personnes, dont j’ai bien sûr changé les prénoms, et donner le regard que je peux porter sur leur relation au corps.
Le corps est largement considéré aujourd’hui comme un objet qui nous appartient et qui doit nous nous obéir : un objet donc qu’on possède, qu’on utilise, qu’on peut regarder, qu’on peut admirer ou détester, qu’on peut aussi maltraiter. C’est une chose, et une chose qui doit nous apporter satisfaction. Notre société nous donne mille et une solutions, propositions et modèles qui vont dans ce sens : les tops models, les sportifs de haut niveau, les régimes en tous genres, le jeunisme…
Le corps outil : Pierre a 50 ans, il est mince, il n’est jamais malade, il a peu d’émotions. L’essentiel pour lui c’est le sport. Il attend les moments où il peut courir, skier, marcher. Lui a un corps-outil qui doit lui donner du plaisir certes mais qui doit surtout être performant ; courir vite, grimper plus haut, etc. C’est un corps qu’il veut dominer et asservir. Les disciplines sportives, pour la plupart, ne regardent le corps qu’à travers ses exploits et la satisfaction qu’il peut apporter. Et de l’exploit à l’exploitation le pas est vite franchi ! Le corps outil est un corps qui doit être performant.
Le corps sculpture : Bénédicte a 30 ans. Elle fait de la gym pour rester mince et musclée, elle surveille son poids tous les jours, elle est toujours bronzée, très soignée dans ses vêtements, maquillage et bijoux. Elle regarde son corps comme une sculpture ; elle le façonne tous les jours pour qu’il soit beau, qu’il réponde aux critères de la mode. C’est vraiment un travail de sculpture : la gym qui muscle, les vêtements qui donnent la forme globale finale, le maquillage et la coiffure qui apportent les dernières touches… Le corps sculpture est un corps qui doit se montrer.
Le corps automate : Jim a 35 ans ; cadre supérieur, il travaille beaucoup, il est très mental, intellectuel, n’a jamais de souci de santé mais s’est cassé plusieurs fois la jambe ou le bras dans des accidents de moto (en allant au travail) ou même dans son jardin le dimanche. Jim attend de son corps ce qu’il attendrait d’une machine : il doit être efficace et silencieux. Seuls les accidents répétés l’ont arrêté pour l’instant. Le corps automate ou machine ou robot est un corps qui doit bien fonctionner et se taire.
Le corps jouet : Xavier, 45 ans, fume beaucoup, il boit facilement, il adore manger. Son corps est comme un jouet, pour se donner du plaisir, des sensations fortes : la sexualité, boire, manger, danser, séduire… Il doit être toujours prêt à le satisfaire. Car le corps jouet est un corps qui doit jouir.
Le corps obstacle : Xavier qui n’a eu aucun signe avant coureur de maladie, rien senti, rien imaginé, est maintenant hypertendu. Il prend des médicaments. Son corps est devenu l’obstacle de sa vie, comme un handicap. Le corps obstacle ou handicap est un corps ennemi.
Tous ces corps sont des corps objets et quand le corps est un objet, alors il passe facilement de l’outil ou de la sculpture à l’obstacle, du jouet au handicap… Tous ces corps objets parlent d’un corps vide ou plutôt vidé de son âme, de son coeur, de ses émotions, de sa vie propre. Le corps est séparé de ce que j’appelle « moi », je suis à l’extérieur de lui et je le possède.
Et sans doute, il y a un peu de ça pour nous tous dans notre vie avec le corps. Qui n’a pas demandé à son corps de travailler au delà de l’épuisement ? Qui ne l’a jamais maltraité ou délaissé ?
Avec un corps objet, le corps est un instrument utilisé sans respect pour lui-même ou alors le soin qu’on lui apporte est au service de l’exploitation. Le corps objet est un corps qu’on manipule. Et comme un objet, il peut se briser, se détruire, se perdre.
Il y a des corps contenants.
Le corps véhicule : Cécile a 38 ans. Elle est assez satisfaite de son corps parce qu’elle le reconnaît joli, séduisant. Mais pour elle, c’est essentiellement un « moyen de transport ». Tant qu’il « avance », elle ne s’en occupe pas vraiment, excepté son apparence. C’est un corps véhicule : à la fois contenant et machine.
Le corps-maison : Catherine a 55 ans ; elle pratique la relaxation et le yoga, est attentive à sa vie quotidienne et à prendre soin de son corps. Elle semble la plupart du temps en paix et heureuse. Elle a des épisodes dépressifs où elle se met à fumer beaucoup. Elle considère son corps comme une maison. Il y a un dedans et un dehors. Elle se sent parfois dans son corps et parfois elle en sort. C’est là le corps qu’on habite, avec ses limites, ses ouvertures et ses fermetures. Comme avec une maison, on peut entrer, sortir, visiter, explorer, descendre, monter. Et c’est une maison qu’on entretient plus ou moins bien.
Il y a de nombreuses sortes de maisons et il y a de nombreuses façons d’habiter son corps. Considérer son corps comme un contenant avec ce dedans et ce dehors ouvre l’espace à la notion d’incarnation. Il y a un lieu matériel, un endroit, un espace, pour se poser, pour exister. Avec le corps contenant, apparaissent des limites concrètes, entre dehors et dedans. S’il y a des limites, un dedans, un dehors, il y a alors des possibilités dans le corps, d’éprouver le moi et de reconnaître le non moi, de reconnaître l’autre différent de moi. Il y a donc une ouverture nouvelle pour la différence, la différenciation.
Nous sommes passés de dehors à dedans.
Le corps prison : bien sûr, le risque ou l’inconvénient avec un espace donné, un lieu, des limites, c’est qu’on peut s’y sentir enfermé, pris au piège. Marie a 40 ans. Elle est mariée avec deux enfants. Elle est très forte, et consciente du besoin d’améliorer son alimentation mais a beaucoup de mal à le faire. Elle commence à se sentir à l’intérieur de son corps, mais y est très inconfortable, elle y découvre des émotions difficiles, des sensations désagréables, et s’échappe souvent dans son imagination, ses rêves, ses idées. Elle se sent enfermée dans son corps. C’est le corps-prison.
Le corps temple : tous ces corps contenants offrent l’occasion d’habiter un espace. Cet espace peut être une maisonnette, une prison, … mais peut aussi devenir un temple, c’est à dire un espace sacré, où la vie est honorée. Catherine, cette femme de 55 ans qui pratique le yoga et la relaxation, quand elle va bien, prend soin de son corps comme d’un endroit sacré, c’est pour elle un lieu pour accueillir le vivant, le divin. Apparaissent ou se renforcent là les notions d’intimité, de respect, de rituel (comme la méditation quotidienne par exemple), de dévotion, d’humilité (devant le sacré)…
La prison, la maison, le temple… sont des contenants, ils sont plus souvent habités que manipulés mais ce sont encore des objets inanimés, sans vie propre.
Tous ces corps sont des corps qu’on entretient, ou non, plus ou moins bien, pas du tout, de façon très basique ou plus respectueuse.
Or le corps est vivant et dans un flux permanent. Quatre-vingt-dix-huit pour cent des atomes de l’organisme étaient absents un an auparavant. Le squelette qui semble si solide n’était pas le même trois mois plus tôt… La peau se renouvelle tous les mois. La paroi de l’estomac change tous les quatre jours et les cellules superficielles qui sont au contact des aliments sont renouvelées toutes les cinq minutes… Si le corps est une maison, alors c’est une maison dont les briques seraient systématiquement remplacées chaque année. Si l’on conserve le même plan, il semble qu’il s’agisse de la même maison. Mais en réalité, elle est différente.
Le corps rivière, jardin , paysage, univers, …
François a 6o ans, il vient de prendre sa retraite. Il marche beaucoup, prend soin des ses petits enfants. Il pratique la méditation. Il regarde et vit son corps comme un jardin, il l’entretient et en prend soin comme de son jardin potager et de ses fleurs. C’est le corps-jardin. Notre corps est vivant : il devient pour nous un jardin, un paysage, un pays, un univers…
Mais c’est l’image de la rivière qui est citée par plusieurs enseignants spirituels. Car le corps est un flux permanent toujours en mouvement. Il ressemble donc bien plus à une rivière qu’à un objet figé dans l’espace. Le corps est une rivière, un flux incessant de ressentis, de sentiments.
Nous utilisons un objet, nous habitons une maison, nous prenons soin du jardin et que faisons-nous de la rivière ? Nous la laissons couler, nous contemplons son mouvement incessant, toujours changeant. Elle bouge tout le temps mais ne peut pas s’effondrer comme une maison : le corps rivière est en perpétuel changement et une intelligence maintient son intégrité et y coordonne le flux de la vie.
Le corps peut aussi être considéré comme un autre, un autre vivant qui sera toujours inconnu, mystérieux et qui peut être si proche. C’est le corps autre, on le rencontre, on le contemple, on le visite, on l’aime, on peut l’épouser, cet intime partenaire, ce compagnon de tous les jours : ce corps-là nous le connaissons beaucoup grâce aux pratiques corporelles. Il est parfois si proche que nous ne faisons qu’un avec lui.
Nous les êtres humains nous nous incarnons dans un corps ; nous devons descendre dans le corps, d’abord, pour exister. Un adulte qui atteint une conscience de soi naturelle, peut dire « je suis moi » en s’identifiant à son corps, ses émotions et ses pensées. Ce moi est le centre de la conscience naturelle et constitue la condition nécessaire au plein développement de la vie humaine : c’est ce que Richard Moss (Moss 1996) appelle le premier miracle. L’évolution de cette conscience du moi est inséparable de l’évolution du corps vécu.
La relation au corps reflète donc l’avancement sur le chemin d’évolution. Toutes les étapes du développement de l’être humain correspondent à des étapes dans la relation au corps ou le vécu du corps.
Dans ma propre évolution et dans celles que j’observe, j’ai remarqué que les différentes relations au corps peuvent co-exister et se manifester tour à tour comme dans toute relation : l’autre est parfois objet, parfois aimé, écouté, parfois ignoré. Je maltraite parfois mon corps comme un objet ; je le vis parfois comme une maison ou une rivière. Et en même temps, ces différentes relations, ces différents vécus, représentent aussi les différentes étapes d’un chemin de conscience : du corps objet au corps demeure, puis au corps rivière vers le corps être.
Car après le moi, il s’agit de descendre davantage encore dans le corps vers l’être : nous sommes des esprits ou des consciences qui ont à « descendre ». Jean-Yves Leloup cite dans un de ses livres ce moine du Mont Athos qui regardait venir les pèlerins et observait « jusqu’où l’esprit était descendu dans leur corps » : jusqu’au cou, à la taille, aux genoux ? (Leloup 1990) N’avez-vous jamais senti dans la marche ou la méditation l’esprit qui descend un peu?
Certains évènements, situations ou transformations soutiennent particulièrement l’évolution de la relation au corps et soutiennent en même temps cette descente et ce chemin vers l’être.
La naissance et la mort sont aux deux extrémités de notre vie, de la vie de notre corps, dans ce monde: deux pôles opposés et sans doute deux matrices. C’est Stanislav Grof qui a particulièrement étudié la naissance et ses conséquences sur la vie ; Elisabeth Kübler Ross elle, s’est penchée sur la mort, l’autre grand passage. La naissance et la mort sont si lointaines et si proches! La naissance – la première inspiration – est la véritable arrivée dans un corps séparé et la mort – la dernière expiration – est la séparation définitive de ce corps. En réalité pour vraiment arriver dans son corps, jusqu’à s’identifier à lui, l’enfant doit faire tout un chemin et beaucoup d’adultes n’ont pas encore terminé cette étape et sont aidés par les techniques ou pratiques corporelles tout autant que par la psychothérapie. Pour arriver à la mort, nous avons aussi tout un chemin à faire. Car le corps ne nous quitte pas de façon brutale, pour la plupart d’entre nous en tout cas. Il nous quitte peu à peu, il vieillit. Si nous observons certaines personnes âgées, nous voyons combien le corps et la vie du corps semblent perdre de l’importance à leurs yeux. Mais est-ce le corps qui les quitte ou eux qui quittent leur corps? Quel mystère que cette séparation!
Heureusement de nombreux thérapeutes, médecins, associations oeuvrent pour redonner leur place à la naissance et à la mort car mettre du soin autour de la naissance, mettre du soin autour de la mort, voilà deux grands projets pour notre monde et pour la réussite de notre incarnation et de celle de nos descendants. Quelle réussite ? Pour moi, la réussite d’une vie c’est la conscience qui y est apportée et bien sûr nul ne peut juger celle de quiconque, puisqu’il n’a pas « marché dans ses mocassins », mais chacun peut peut-être répondre pour lui-même au moment du dernier passage. … (Proverbe amérendien : « Avant de juger quelqu’un, marche 15 jours dans ses mocassins. »)
La naissance et la mort, qui limitent notre vie sur terre, sont des vécus qui reviennent souvent dans les expériences en état de conscience élargi comme la Respiration Holotropique. Et apprendre à naître ou mourir équivaut à apprendre à vivre car c’est apprendre à passer, à se transformer, à perdre, c’est apprendre le vide, apprendre le neuf, l’inconnu. Et quoi mieux que le corps, qui se transforme sans cesse et que nous sommes appelés à perdre définitivement, peut nous apprendre tout ça ? N’est-ce pas d’abord le corps qui nait et qui meurt ?
Dans les expériences de vie, la relation à l’autre dans le corps nous enseigne aussi. Dès la naissance et dans le lien à la mère, c’est le corps de l’autre qui amène peu à peu la conscience du son propre corps. Adultes, dans le contact, les gestes de tendresse, nous sentons, nous percevons le corps de l’autre et en même temps notre propre corps, ses sensations, ses limites, ses élans et retraits, ses désirs et peurs.
Mes mains, ma peau sont là entre moi et moi et entre moi et l’autre.
On peut aussi considérer le corps de l’autre comme un jouet ou un objet, mais, dans tous les cas, le contact offre la possibilité de se sentir exister en tant que personne différente, séparée. Dans les séminaires de thérapie par exemple, comme dans la vie, c’est souvent un contact contenant ou soutenant qui va rassurer la personne sur sa propre existence. Et avec ce sentiment de différence, de séparation, fleurit aussi en même temps le sentiment de lien. C’est vraiment dans le corps et à partir du corps que sont éprouvés les liens : la joie des retrouvailles, l’angoisse de la perte, la tristesse des séparations, le manque, le sentiment amoureux qui envahit tout le corps,…
La sexualité, elle aussi, en offrant des sensations nouvelles, singulières, peut vraiment élargir ou affiner la conscience du corps et de soi ; si elle les refuse, elle questionne alors le corps là où il ne l’a peut-être jamais été.
La rencontre des corps qu’elle soit amicale ou sexuelle, ouvre un espace pour donner et recevoir, un espace d’intimité qui peut mener à l’engagement relationnel, affectif. Elle nous touche au plus profond.
Dans la relation à l’autre, la rencontre amoureuse, les séparations et les deuils atteignent d’abord notre corps très profondément. La vie du corps dans ses aventures amoureuses fait rencontrer la jouissance, le plaisir et le manque, la déception, la solitude. L’acceptation du manque, la traversée de la solitude brisent le cœur (ou sa carapace) et ouvrent un espace intérieur plus grand, un corps-univers plus riche et contrasté, en découvrant une blessure profonde qui se révèle la porte du mystère. Le merveilleux paradoxe de la relation, de l’amour, c’est qu’il s’agit finalement d’une perte créant un lien : « je renonce à t’avoir, nous sommes différents et voilà l’opportunité d’un lien » ; c’est dans le corps que la transformation advient.
A l’occasion de douleurs, de maladie, et du vieillissement, nous sommes confrontés au corps de manière parfois particulièrement violente. C’est dans certains cas le premier contact avec un corps qui « parle ». C’est l’opportunité de vivre autrement que dans un corps obéissant et satisfaisant, d’écouter autre chose de ce corps souffrant ou malade, ou peut être de l’écouter enfin !
La maladie nous laisse dévastés, amaigris, avec la gratitude des rescapés d’un naufrage. Sans bien savoir qui nous sommes, nous sommes plus humbles, avec la seule certitude d’être là dans un corps vivant, un corps qui vieillit, qui va mourir demain, ou bien plus tard, mais il mourra… Nous avons perdu une image du corps et retrouvé une humilité : un corps fait d’humus, une terre oubliée.
Dans sa vision transpersonnelle, Jean-Yves Leloup a écrit sur les grandes pertes qui créent la souffrance et il cite la perte de l’illusion de la santé et de la pérennité du corps. (Leloup 1994) La maladie nous oblige à renoncer à un corps jeune, ou efficace, ou beau, au “corps que l’on a” justement, et perdre cet objet là peut conduire à lâcher la volonté d’”avoir” tout court. Elle atteint l’identité.
Si j’accepte mon corps comme perdu, je peux peut être aussi le retrouver comme la façon unique qu’a l’univers d’être là. Un corps bien bizarrement limité, mais aussi “curieusement ouvert dans sa souffrance à ce qui respire à travers lui. Je perds un corps-moi et je retrouve un univers”. (Leloup 1994)
“C’est vraiment un autre corps qui est là, du corps-ciel depuis mon lit de malade, il devient corps-océan, rouleaux, vagues, remous, écume, corps-nature, saisons, éléments, couleurs. Il devient un corps-être. Je peux danser, écrire, parler même et rester en contact avec les turbulences, les alternances de soleils et de pluies, d’ouvertures et de fermetures, de gratitudes infinies et d’appels à la pitié.” (Chavas 2004)
Il y a les passages, les circonstances que la vie nous impose et il y a les situations que nous choisissons pour avancer sur ce chemin de conscience incarnée. « La réalisation d’une foi vivante repose sur trois piliers : l’expérience vécue, la reconnaissance de cette dernière et l’exercice. » (Durckheim 1974)
C’est dans le corps que je prends conscience de moi, de qui je suis. Le développement physique et le développement psychologique sont les deux faces de la même pièce. Ce qui est profitable pour notre corps semble aussi le meilleur soutien pour notre santé. « Un corps heureux a des sentiments positifs et un esprit paisible. Ce rapport co-créatif entre bien-être et intelligence émotionnelle et spirituelle dure toute la vie.» (Moss 2008)
La vie est d’abord respiration. Notre respiration est à l’image de qui nous sommes. A tel point qu’en Inde, la respiration de quelqu’un servait aussi de prédiction : telle respiration, tel avenir. Et la respiration étant directement liée à la vie du corps, elle est donc un des chemins les plus sûrs pour entrer en relation avec lui. Elle est le véhicule premier de l’incarnation et elle va aussi nous accompagner sur le chemin spirituel.
Le mouvement de base de la transformation est vraiment la respiration. La respiration représente en l’homme le grand principe universel qui veut que tout devient pour ensuite dé-devenir, que tout sort du grand un pour ensuite retourner au grand un.
La respiration, le souffle font donc référence à la respiration physiologique, à l’énergie et au Divin.
Ce qui pénètre dans mon corps, ce qui le nourrit va avoir bien sûr une place capitale. Comme l’air que je respire, la nourriture que je mange nourrit mon corps et mon être. Il y a un fonctionnement et une singularité du corps à respecter. Il y a une sensibilité à développer pour se nourrir avec davantage de conscience.
La pratique de la marche est abordable par tous et elle est à elle seule un si bel exercice… Marche et tu seras toi-même : un être humain debout entre ciel et terre qui avance dans le monde, qui laisse le monde entrer en lui. Tant de maitres ont glorifié la marche !
La respiration, l’alimentation et la marche sont les trois lieux d’attention les plus évidents parce qu’ils sont la base de la vie du corps et la base donc de notre incarnation. D’ailleurs Charles Raphaël Payeur les présentent comme les trois initiations.
Nous pouvons aussi explorer notre corps. Tout au long de sa vie, l’être humain est touché par les événements ; tout ce qu’il a regardé, entendu, perçu, ressenti, pensé, a installé en lui un état particulier, une coloration qui lui est propre. Le corps est ainsi imbibé de tonalités endormies, prêtes à être réactivées. Et c’est comme si le corps était constitué de strates, dont certaines apparaissent gelées, anesthésiées, fossilisées. Les expériences en état de conscience élargi, en particulier, chères à la thérapie transpersonnelle, permettent de dégeler tout ça – ce qui est là au présent dans le corps et qui veut bien se déplier, s’ouvrir – et ces expériences d’exploration ouvrent aussi le chemin vers l’Etre. La encore la respiration, avec en particulier la Respiration Holotropique, a une place de choix.
Il existe un très grand nombre de pratiques corporelles destinées à amener plus de présence dans le corps. Le taiji, le yoga, la danse, le travail de la voix, les arts martiaux, la méditation, la relaxation… Toutes sont passionnantes. Chacun a à trouver la (les) sienne(s). En Inde, on dit que le premier degré sur le chemin de l’être au dessus de l’homme ordinaire, c’est l’homme qui pratique quotidiennement.
« Avant d’être des méthodes de guérison, elles (les pratiques corporelles) sont plutôt des voies de respect, d’exploration, destinées à garder au corps sa santé foncière, sa bonté fondamentale, des voies destinées à découvrir le divin qui s’y blottit. » (Pelletier 1996)
Mais au-delà des pratiques particulières, il s’agit en premier lieu de développer au quotidien une attention au corps. Etre attentif au corps c’est d’abord tendre l’oreille vers l’intérieur. Notre monde intérieur ? un univers inconnu en grande partie, un corps incroyable plein de rouages subtils et de cicatrices roses, d’un cœur pétri, cabossé, tour à tour élargi ou rétréci par la vie, d’un mental compliqué, toujours en alerte voire inquiet, et de mille chemins qui relient corps, cœur et mental, de mille portes qui s’ouvrent vers le dehors et répondent, appellent ou refusent les liens avec ce dehors…
C’est un réel exercice que de développer au quotidien cette attention au corps. On expérimente une sorte de connaissance intime de son corps et de soi grâce à ce qu’on peut appeler l’attention à la vie. Il s’agit de la conscience de soi, devenue réflexive.
« Apprendre à conserver son attention entièrement présente dans l’action et à ne pas la laisser se diviser en étant spectateur, commentateur ou juge, est essentiel pour s’incarner pleinement… Lorsque nous apprenons à écouter avec le corps à chaque instant, nous développons la faculté de demeurer dans une sensation d’ouverture, de tranquillité et de présence. Il est fondamental d’assimiler et d’approfondir cet état pour progresser en conscience. » (Moss 2008)
Les sens nous renseignent sur le dehors et sur le dedans puisqu’ils peuvent se tourner vers l’extérieur ou vers l’intérieur. Ils participent donc beaucoup à ce chemin d’attention. Il s’agit là de tous les tourner vers l’intérieur, et d’apprendre à écouter, à entendre. Mus par notre intention de connaissance de nous-mêmes, tous nos sens nourrissent l’attention. Sentir, ressentir est une façon d’apprendre, de connaitre et comme ça change tout le temps dans le corps, il y a toujours quelque chose à apprendre.
Nous tendons l’oreille, nous entendons, et puis nous apprenons à vivre en épousant le point de vue qui émerge du sensible du corps, instant toujours nouveau, toujours étonnant. Le corps est capable de se retourner sur lui-même, de devenir source et finalité de son exploration.
Puis peu à peu l’intimité du monde sensible qui est le naturel de l’homme fait la place à un autre vécu, celui du monde spirituel, qui repose sur tout cet apprentissage mais qui est différent, au-delà du sensible.
La plupart des enseignants spirituels nous enseignent le pouvoir du moment présent, la présence à l’instant, la conscience de l’instant présent. Et qu’est ce qui est toujours là dans le moment ? Toujours ? Notre corps. Le corps lui seul est toujours là, personne, rien, ne nous accompagne comme lui. Il nous offre donc l’opportunité d’une pratique de conscience ici, maintenant. Les gestes de tendresse, la sexualité, la relation, la douleur, le vieillissement nous transforment dans le lien au corps mais chaque instant peut nous enseigner aussi, car le corps est là, vivant, toujours différent, comme une rivière, comme un univers, comme un autre à découvrir. Chaque instant est une occasion d’apprendre, ici et maintenant, dans ce corps là. Car le corps vécu, la conscience incarnée sont toujours dans le moment présent. Et l’expérience directe de qui nous sommes ouvre au mystère.
Ce mouvement de descente dans le corps, d’identification au corps, aux pensées et aux émotions, ce mouvement est un mouvement d’incarnation, nous devenons nous-mêmes, dans le monde, différents, nous existons. Avec le sens de l’existence, commence alors une autre vie qui va nous mener à être de plus en plus profondément, de plus ne plus entièrement. « Tant que le corps et l’esprit ne se retrouvent pas dans l’ici et maintenant, nous ne sommes pas capables de faire l’expérience de notre totalité. » (Moss 2008)
Pour parler de relation il faut au moins deux termes, du corps objet au corps autre, il s’agissait bien de relation parce qu’il y avait séparation, il y avait « deux » : moi et ce corps. Mais parler de corps et d’esprit, c’est scinder en deux une réalité qui ne l’est pas : pour de nombreuses traditions, l’unité corps-esprit ne fait aucun doute, pour Reich non plus. Et pour lui en considérant le corps, on considèrait déjà le sujet à part entière.
Quand le corps devient une rivière, alors le mouvement de la vie est là et c’est la porte vers une unité. Quand le corps devient un autre vivant que je peux épouser, il y a aussi ce mouvement vers l’un, … vers le corps que je suis, le corps que l’on est. Il ne s’agit plus là d’« exister » (qui veut dire d’ailleurs hors de l’être) mais d’être.
Annick de Souzenelle écrivait il y a plus de vingt ans : « Au niveau de l’homme, reflet de l’absolu, le corps et la psyché ne sont qu’en vertu de leur degré de participation à une troisième dimension de l’être. Si tel n’est pas le cas, corps et psyché ne sont pas, ils existent. » (De Souzenelle 1984)
Jung parlait de corps, d’esprit et d’âme, une âme qui est, ici et maintenant. Et sans le corps et l’incarnation, l’âme ne pourrait avoir l’expérience d’elle-même.
On pourrait parler aussi, comme le fait Richard Moss, d’un continuum corps-esprit, et d’une conscience vaste. « Il existe en chacun de nous une dimension qui est toujours antérieure et qui transcende quoi que ce soit dont nous sommes conscients. » (Moss 2008)
Un « corps qui est » n’est pas jeune ou vieux. On est jeune ou vieux que si l’on n’est pas dans le corps mais qu’on le regarde et qu’on le juge. Si on est incarné, on est tout simplement. Pour Richard Moss, le « corps qui est » est un corps détendu, sans tensions, et en même temps un corps prêt à bondir. C’est aussi l’enseignement que j’ai reçu en Chine avec le Taiji : la lenteur, la détente et en même temps, la possibilité de bondir à l’instant même.
Le « corps qui est », est un corps vécu dans l’immédiateté, et qui se laisse penser et qui se laisse réfléchir. Car le corps n’est pas seulement une rivière de ressentis, de sentiments, mais aussi le lieu d’émergence d’une forme singulière de la pensée qui se donne dans la vie immédiate du vécu corporel.
Durckheim a écrit « Le corps que l’on est, c’est la façon d’être là de chacun. Etat d’être, plus ou moins transparent ou opaque, à l’être. […] Cette transparence ne peut apparaître que dans une relation précise de l’homme avec le ciel et la terre, avec le monde et lui-même. Les facteurs internes et externes qui conditionnent l’individu font que sa manière d’être dans le monde n’est jamais entièrement conforme au rapport idéal. Il est donc toujours sur le chemin de la réalisation de sa forme parfaite. » (Durckheim 1974)
Nous sommes et serons toujours sur le chemin vers la transparence et pour avancer sur ce chemin, il s’agit, pour Durckheim et les traditions orientales, de trouver son centre, dans son corps.
Le corps m’emmène donc vers l’unité de tout ce que je suis, que je peux difficilement séparer et que j’ai pourtant tant de mal parfois à rassembler : cœur, désir, pensée éclatés. Ce mouvement d’unification me rapproche de l’être. Le corps devient peu à peu la porte de l’être. Il devient forme, incarnation de l’être : une façon unique qu’a l’être (l’énergie, la vie, l’Esprit, Dieu, …) de se manifester dans le monde terrestre.
“Le corps est une extraordinaire possibilité de l’être, mais il n’appartient pas à la personne. En elle, il représente le spectacle du monde dont la personne est responsable, libre d’en témoigner. Bien que martyrisé de différentes façons par la personne, le corps demeure non un véhicule, non un objet, non un temple, autant d’images dualistes, mais un pouvoir de l’être.” (Eyssalet 1986)
Mais finalement qui suis-je ? C’est la grande question de l’être humain et c’est la réponse à cette question qui détermine la vie que nous menons et la liberté que nous trouvons.
Richard Moss (Moss 2008) dit que l’âme c’est la conscience de soi, c’est justement notre aptitude à nous demander « qui suis-je ? ».
Chaque étape de la vie répond différement à cette question. Sommes-nous, êtes-vous un corps, un esprit, une âme, une conscience ? Bien sûr il est nécessaire de construire un moi sain et fort et de s’identifier à notre corps, nos ressentis, pensées mais dès que ce moi est construit, dès que notre incarnation est suffisamment équilibrée, nous y sommes enfermés. Un autre temps est arrivé, celui d’être tout ça et bien plus que tout ça, celui de nous déployer, celui d’advenir à nous-mêmes sur le chemin de l’être.
Nous pouvons y vivre des moments de grâce, où la seule réponse à la question « qui suis-je ? » c’est « je suis ». Je suis nue, je suis, sans attribut. Dans la profondeur de l’instant, dans le paradoxe de l’être : le vide et la plénitude.
Le chemin du corps est un chemin d’amour, s’il en est d’autres… D’abord j’apprends à prendre soin de mon corps, c’est-à-dire de moi, comme une mère, comme un père, comme un compagnon, comme un ami. Apprendre à l’aimer, à aimer donc une forme (comme mon histoire, mon homme, l’autre, la vie), c’est apprendre à aimer tout court. Aimer mon corps, c’est m’aimer tout court. C’est un chemin d’acceptation, de tendresse ; aimer ce corps comme il est, l’écouter, le respecter, m’aimer comme je suis. Respecter et accepter son rythme qui parait parfois si lent pour un esprit curieux. C’est le rythme de la terre, le rythme de l’incarnation.
Puis, en cultivant l’amour pour notre corps, pour nous-mêmes, pour l’autre, pour tout ce qui est, nous nous déploierons, nous rejoindrons notre être qui est amour. Un corps, une vie, une attention qui sont amour et qui vivent l’amour simplement. Ou plutôt : un corps, une vie, une attention qui laissent passer l’amour, transparents à l’amour. Pour Jung, l’amour est le sentiment le plus élevé que la Vie éprouve pour elle-même.
Cet amour est bien loin des émotions, c’est un amour qui agit, qui rayonne. D’ailleurs dans la tradition chinoise, le cœur n’est pas le siège des émotions mais le centre, à égale distance de la terre et du ciel. Le corps est un royaume et le cœur l’emblème du souverain, souverain qui ne doit pas commander mais harmoniser. Et le milieu où se trouve le cœur n’est pas le juste milieu mais un « milieu juste » à trouver à chaque instant. Etre totalement présent dans son corps, dans l’instant, dans l’action ou l’inaction, c’est cela l’harmonie avec l’univers, avec l’autre, avec soi, c’est cela être, c’est cela aimer.
Jeanne Guesné parle d’une unité-instantanéité-intensité et d’une vie-conscience-amour. (Guesné 1991)
Le corps s’offre ou s’impose comme le premier lieu de conscience et de responsabilité. Il nous parle et il nous enseigne. Il est vraiment notre terre, notre demeure et notre chemin ou, comme l’a écrit Annick de Souzenelle, notre outil, notre laboratoire et notre ouvrage à la fois (De Souzenelle 1974), et en même temps il est bien plus que tout ça.
Nous avons sans doute tous vécu des expériences révélatrices de l’être, d’ouverture, d’unité, pourtant je n’ai pas parlé vraiment de celles là, il n’y a pas vraiment à en parler. Je n’ai pas cité non plus toutes les étapes suivantes sur le chemin du corps, celles dont nous parlent les spiritualités, le corps de lumière, le corps glorieux, l’immortalité, bien d’autres… parce que je ne les connais pas vraiment, parce que je ne les rencontre pas vraiment chez d’autres ; et parce que je préfère vivre avant de penser. Mais de nombreux ouvrages passionnants les décrivent.
Moi, être humain incarné, c’est d’abord dans l’attention et l’amour pour mon corps que je respecte le vivant, et c’est bien loin de l’egocentrisme parce que j’offre ainsi au monde un espace pour la vie et l’amour. Le corps « que j’ai » est devenu un corps « que j’aime », non pas que j’aime parfait, mais un corps que j’aime comme partenaire intime, comme compagnon de tous les jours. Et parfois (quelle chance !) nous sommes réunis, je suis réunie, mon corps entier, mon cœur incarné, mon esprit vivant, je suis, je suis amour. Nous sommes tous amour et nous sommes tous plus ou moins éveillés, nous avons tous toujours un ego qui continue de penser, mais son ancre devient peu à peu le moment présent et le moment présent est dans le corps.
Bibiographie
Chavas Brigitte, Guérir ou accepter de perdre, in revue Synodies n°2 – Grett 2004 –
Durckheim Karlfried Graf, Hara – Le courrier du livre 1974 –
Eyssalet Jean-Marc, L’écoute sensorielle dans la rencontre thérapeutique en médecine chinoise, Question de n°64 – Albin Michel 1986 –
Grof Stanislav, Pour une psychologie du futur – Dervy 2002 –
Guesné Jeanne, Le septième sens – Les éditions du Relié 1991 –
Kornfield Jack, Périls et promesses de la vie spirituelle – La Table Ronde 1998 –
Kübler Ross Elisabeth, La mort est une question vitale – Pocket 2000 –
Leloup Jean-Yves, Ecrits sur l’hésychasme – Albin Michel 1990 –
Leloup Jean-Yves, Manque et plénitude – Albin Michel 1994 –
Moss Richard, Le deuxième miracle – Souffle d’Or 1996 –
Moss Richard, Le Mandala de l’Etre – Albin Michel 2008 –
Payeur Charles Rafaël, La roue de médecine amérindienne – L’aigle 2008 –
Pelletier Pierre, Les thérapies transpersonnelles – Fides 1996 –
De Souzenelle Annick, Le symbolisme du corps humain – Albin Michel 1984 –
Welwood John, Pour une psychologie de l’éveil – La Table ronde 2000 –
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