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Quand le souffle donne la parole au corps

Quand le souffle donne la parole au corps

Respiration Holotropique et thérapie Transpersonnelle

 

Diana nous présente Brigitte Chavas :

Lors de l’atelier vous êtes nombreux à avoir gouté au travail de Brigitte avec vos poumons, avec vos cœurs, avec votre intériorité. Je vois Brigitte comme une grande voyageuse qui a fait de longs pèlerinages, qui a traversé de nombreux pays, en en cueillant les fruits, et maintenant elle offre ce qu’elle a cueilli. Elle offre des trésors avec beaucoup de générosité, beaucoup de cœur et beaucoup de présence. Elle a fait un long travail avec le Taiji Quan, en touchant le subtil, le souffle, et puis avec la Gestalt, la Respiration Holotropique, et un long chemin aussi avec Richard Moss, enseignant spirituel américain.

Elle fait des choses merveilleuses avec son mari Jacques Bardot, comme le travail avec le couple. Elle travaille aussi avec les jeunes à partir de 15 ans. Ces jeunes un peu désemparés face à l’énormité de la vie viennent se retrouver dans un cadre de sécurité, pour un travail intense avec des rituels qui les touchent beaucoup. Et je trouve ça magnifique. En tant que thérapeutes, nous avons beaucoup à faire pour et avec les jeunes.

Et là, Brigitte, j’ai très envie d’entendre ce que tu as à nous offrir maintenant.

 

Brigitte Chavas est psychothérapeute, animathérapeute et gestalt-thérapeute. Elle est formatrice à l’IRETT. Voir son site sur lequel vous pouvez trouver les séminaires qu’elle anime. www.souffletherapie.net

 

Elle a écrit deux livres en collaboration avec Bernadette Blin:

« Guérir l’égo, révéler l’être, Le défi des thérapies transpersonnelles, Trédaniel 2009 » et « Manuel de psychothérapie transpersonnelle, Dunod Interéditions 2011 » davantage destiné aux professionnels.

 

 

Ce matin, je voudrais parvenir à partager avec vous la richesse et le plaisir de la pratique de Respiration Holotropique. Avant de venir au colloque, j’avais lu sur la psychologie biodynamique, mais je ne comprenais pas très bien. Maintenant, après ces journées, je sens mieux ce que c’est et je crois qu’il y a beaucoup de points communs entre la psychologie biodynamique et la thérapie transpersonnelle, donc je vais certainement dire à ma façon beaucoup de choses que vous connaissez déjà.

 

Personnellement, j’ai commencé mon chemin par la pratique du Taiji, j’avais à peine plus de 20 ans. Dans les premières secondes du premier mouvement, j’ai eu un choc très profond. Quelque chose en moi me disait un grand «OUI », comme si j’arrivais là à un endroit que j’avais toujours attendu. Avec le Taiji, j’ai beaucoup travaillé sur la détente, la tension, sur la lenteur, la finesse, comme proposent toutes les thérapies ou pratiques corporelles. Pour compléter cette pratique j’ai étudié aussi les techniques de relaxation à Isthme.

 

Et le choc s’est renouvelé douze ans après ma rencontre avec le Taiji, dans un séminaire de Respiration Holotropique où j’étais arrivée presque par hasard. Ce fut encore un grand choc, du même ordre, un grand « OUI » qui me disait « Brigitte c’est ça ». Je me suis trouvée très ennuyée parce que j’étais donc pratiquante et enseignante de Taiji Quan à l’époque. J’étais allée beaucoup en Chine, j’avais travaillé la lenteur, l’intérieur, la méditation et soudain avec la Respiration Holotropique le chemin semblait opposé, car dans une telle expérience, c’est au contraire l’expression qui est encouragée : on peut se démener pendant des heures, on va rire, ou chanter, on va crier ou pleurer… Comment réunir pour moi ces chemins semblant contradictoires?

J’ai fait la formation pour devenir thérapeute en Respiration Holotropique à l’IRETT, et si je suis restée tiraillée pendant longtemps, ce contexte de thérapie transpersonnelle m’a permis de sortir de ce conflit entre intériorité et expression débridée.

Quelques mots sur les thérapies transpersonnelles : pour les thérapies transpersonnelles, l’être humain est un être spirituel sur un chemin d’incarnation de cet Esprit, cette Conscience … Elles proposent en particulier des expériences en état élargi de conscience, expériences de transe, expériences paroxystiques comme les nommait Maslow, ou chaotiques comme disait Osho. En fait, ce sont des expériences qui permettent de lâcher le contrôle et de s’ouvrir à une conscience plus large. Transpersonnel signifie qui transcende le personnel, qui le traverse en l’incluant.

Donc l’être humain est sur un chemin d’incarner la Conscience dans son corps et sa vie. La pratique corporelle, comme le Taiji, trouve là tout son sens : il s’agit bien de descendre dans le corps, se détendre, affiner, sentir, encore et encore. C’est un aspect du chemin humain vraiment incontournable. Et la Respiration Holotropique apporte autre chose au corps et à la psyché : un cadre pour un espace de transe,  tout aussi indispensable, où tout est possible pour l’expression de la personne dans sa totalité. Là j’avais réuni ces deux chemins : la pratique de l’attention et la transe sont les deux faces du travail de conscience.

 

La Respiration Holotropique a été mise au point par Stanislav Grof. C’est un homme passionné et passionnant, un psychiatre, d’origine tchèque, qui a beaucoup recherché et pratiqué avec le LSD en Tchécoslovaquie, dans des hôpitaux psychiatriques. C’est la raison pour laquelle il a été invité aux États-Unis où il vit toujours avec sa femme Christina qui a aussi participé à cette aventure. Aux Etats-Unis il a donc beaucoup travaillé dans les centres de recherche et dans les hôpitaux jusqu’au début des années 70 avec des résultats prometteurs pour le soulagement de la douleur et le soutien des processus psychologiques et spirituels des personnes.

Mais le LSD a été interdit suite à l’usage sauvage qui en était fait dans le public et les recherches ont dû être arrêtées brutalement. Cela a été une très grande déception pour Stanislav Grof et Christina, car ils avançaient bien dans cette recherche en particulier avec les psychotiques, les personnes atteintes de cancers et les personnes en fin de vie. Stan et Christina ont décidé de trouver autre chose sans l’utilisation de substance. Dans leurs nombreux voyages, en particulier dans des sociétés traditionnelles, ils ont observé que tous les rituels de guérison utilisaient au moins le souffle, ou au moins la musique, et plus souvent les deux. Ils ont donc décidé de mettre au point une technique avec le souffle et la  musique. L’association des deux ouvre l’esprit, la conscience, et donne accès à cette sagesse innée, cette sorte de radar intérieur qui va faire émerger les expériences qui viennent du corps, ou plutôt de l’organisme corps-psyché, et qui sont utiles ou adéquates à ce moment-là. Stanislav et Christina se sont lancés dans cette expérience, nommée Respiration Holotropique, et ont observé des résultats magnifiques. Tout ceci est apparu en même temps que le Rebirth, technique cousine mais un peu différente. Depuis, ils ont animé des milliers de séminaires et formations.

 

Au départ, on pourrait dire que la Respiration Holotropique est une pratique de groupe sur le modèle des cérémonies chamaniques. Le groupe a beaucoup d’importance puisqu’il y a aussi une dynamique énergétique collective. Ce contenant du groupe offre autre chose que le travail individuel. Aujourd’hui, d’autres thérapeutes, comme moi-même, utilisent la méthode dans un contexte plus psychothérapeutique, comme un outil sur un chemin de psychothérapie et donc dans un cadre un peu différent.

 

Sans rentrer dans les détails des mécanismes physiologiques de la respiration, il est important de remarquer que quand on parle de respiration, on peut faire référence à la physiologie, à l’énergie et/ou à l’essence ou au divin, selon comme on veut le nommer. La respiration touche le cœur de notre vie corporelle, le cœur de notre vie énergétique et le cœur de tout ce qui est vivant en nous, puisque tout ce qui est vivant en nous respire. C’est très puissant de toucher à la respiration.

L’hyperventilation (on respire plus fort et plus vite au départ pour lancer l’expérience), de manière physiologique, court-circuite le mental et facilite ainsi l’accès aux autres parties du cerveau, tout particulièrement les plus anciennes. Dans la pratique holotropique il est inutile d’hyperventiler longtemps pour pouvoir lâcher le mental et accéder au cerveau reptilien. Cela peut durer 5 à 20 minutes au départ et être éventuellement repris plus tard si besoin. Et l’aventure commence !

 

Ce que j’aime dans la Respiration Holotropique c’est que tout est possible.

Tout est possible ça veut dire quoi ? Cela veut dire que nous pouvons avoir accès à une infinité d’expériences. Nous croyons que dans chaque cellule habite l’entièreté de l’être humain et de l’histoire de l’univers. C’est à cette découverte là qu’invite la Respiration Holotropique. C’est très facile de parler de ça devant vous, parce qu’en écoutant les différentes conférences, et avec tous les contacts dans ce colloque, j’ai senti une cohérence dans nos regards sur l’être humain.

 

 « Chacun d’entre nous contient l’information de tout l’univers et de toute l’existence. Chaque être possède un accès expérientiel potentiel à chacune de ses parties et d’une certaine manière, lui-même est l’ensemble de ce réseau cosmique, tout comme il n’en est qu’une partie infime. Une entité biologique séparée est insignifiante. » (Grof)

C’est bien ce paradoxe que d’être un être humain, à la fois séparé et un avec tout ce qui est.

 

Dans une même séance de Respiration Holotropique,  il y a déjà plusieurs expériences.

Quels sont ces différents niveaux ou types d’expérience ? Je vais en parler à la lumière de la cartographie de Grof qu’il a créée justement à partir de sa grande pratique avec les états holotropiques (nom qu’il a donné aux états élargis de conscience). Il y a beaucoup de cartographies de la conscience. Elles sont sans doute toutes belles et incomplètes car ce sont des cartes et pas le vécu. Celle de Grof éclaire évidemment très bien les expériences de Respiration Holotropique.

Gros cite trois grandes familles qui se divisent en de nombreuses sous familles permettant de trouver des repères de conscience : les expériences biographiques, les expériences périnatales, les expériences transpersonnelles.

 

Pour nous thérapeutes, les expériences biographiques sont les plus évidentes parce qu’émergent là des situations ou des événements de la vie de la personne en train de « respirer ». Rien n’étant provoqué de l’extérieur, elles viennent vraiment de la personne comme toutes les expériences qui se proposent.

Dans nos vies nous avons dû nous couper de beaucoup d’émotions, comme vous le savez. Dans une expérience de ce type, la personne peut vivre les émotions et les sensations qu’elle a du refouler autrefois. Elle peut vivre pleinement l’évènement et tous les ressentis associés. Ceci est la première richesse d’une expérience biographique : vivre plus entièrement quelque chose qui avait été coupé, qui était resté inachevé. La deuxième richesse est la possibilité de faire une expérience nouvelle. Par exemple, si je prends une situation très courante, un enfant se blesse et personne ne peut entendre sa douleur. Dans l’expérience, longtemps après, la personne va pouvoir là ressentir pleinement la douleur physique et toutes les sensations qui sont associées au chagrin et à la solitude. Nous thérapeutes allons faire en sorte que tout cela puisse se vivre complètement et dans un deuxième temps, nous allons offrir une présence : une autre personne va être là, pour l’écouter et l’entendre. Là est l’expérience nouvelle.

Ce qui est remarquable en Respiration Holotropique, c’est la résurgence d’un grand nombre d’expériences essentiellement physiques qui ont été en général oubliées, à côté bien sûr de toutes les situations psychologiques, relationnelles, qui ont marqué aussi le passé : douloureuses ou nourrissantes. Ces expériences très corporelles sont les opérations, les accidents, les maladies dans l’enfance… Beaucoup de gens retrouvent ces événements comme des empreintes qu’elles n’ont jamais contactées autrement. Et c’est quand même très troublant, très mystérieux pour moi, de sentir par exemple les odeurs d’éther qui se dégagent du corps des personnes qui sont entrain de toucher une anesthésie passée parfois de 40 ou 50 ans ou de voir couler quelque chose qui ressemble à du sperme de la bouche d’une femme qui a été forcée petite à une fellation. Vous devez connaître cela dans votre travail…

 

Toutes ces expériences biographiques sont une part des expériences en Respiration Holotropique, mais elles sont loin d’être les seules. S. Grof a beaucoup observé l’importance de l’expérience de la naissance au vu de la quantité d’expériences périnatales : période intra-utérine, naissance elle-même et accueil à la naissance.

Grof considère les expériences périnatales comme étant des expériences qui sont personnelles, biographiques bien sûr, mais aussi comme faisant le pont entre personnel et transpersonnel. Les expériences périnatales peuvent être aussi considérées comme des expériences spirituelles. De mon point de vue personnel, et en regardant les choses assez simplement, plus on s’approche de la naissance, plus on s’approche de la conception, plus on sera alors proche de l’esprit, de la conscience, de l’essence puisque nous considérons que nous sommes un être qui est en train de s’incarner dans un corps..

Voici par exemple, une expérience périnatale :

C’est un homme qui dans sa séance de « respiration » ne bouge pas. Il est complètement figé. Je vais le voir et lui demande si les choses se passent bien pour lui et il me répond: « je suis un gladiateur». Lorsque je mets la main sur sa tête il commence à exercer une poussée sur ma main. Il vit un passage très physique dans son corps et finalement il se sent vraiment bien. Pour lui c’était un combat de gladiateurs, mais moi par contre j’ai vu une naissance. Une expérience en état de conscience non ordinaire c’est une expérience qui se vit,  sans doute comme toute notre vie, à tous les niveaux en même temps. Cet homme vivait à un niveau qu’on pourrait dire assez symbolique, ou peut-être faisant référence à une vie antérieure si on croit aux vies antérieures. Peu importe ce qu’on va en dire finalement, mais en tout cas son organisme a vécu un passage, très corporel d’ailleurs, qui peut être regardé de tous les points de vues. Sans doute est-ce là le rôle du thérapeute à ce moment-là d’avoir la possibilité de contenir tous ces sens possibles. Ce client était un homme assez « enfermé », quelqu’un qui avait de grandes difficultés de contact, qui était assez mental et qui regardait les gens de haut, sans doute pour s’en protéger. Après cette expérience, il s’est trouvé tout en amour pour tous les gens qui étaient là. Et c’était une première pour lui, il disait: « je mettais tous les gens dans le même tiroir et maintenant c’est drôle, je vous aime ». Tous ces niveaux d’expérience ont lieu en même temps chaque fois que quelqu’un fait une respiration. Pour moi c’est vraiment passionnant.

 

Ce qu’a particulièrement remarqué et codifié S.Grof, ce sont ces quatre phases de la naissance qu’il appelle des « matrices », car elles sont non seulement une manière de vivre le passage de la naissance, mais aussi des instances organisatrices de la psyché. Ces quatre phases modélisent un passage avec ses différentes étapes, et vont en quelque sorte modéliser tous les passages de la vie, corporellement, émotionnellement, psychiquement.

 

La première étape est toute la période de la grossesse.

Etape de la gestation où il n’y a pas encore les contractions. Bien sûr il y a des contenants, ou ventres, bons et des contenants moins bons. C’est une étape qui est très liée aussi à la fusion océanique, avec le tout, avec une dimension spirituelle ultime.

 

La deuxième phase correspond au début des contractions de l’utérus.

C’est le début des contractions, mais l’enfant est toujours dans le ventre de sa mère, il n’y a pas encore de tunnel ni de sortie, ni même d’espoir qu’il y en arrive une. C’est une matrice qui se présente souvent en Respiration Holotropique, parce que ça correspond au vécu de  l’impasse et au non-sens. « Je suis enfermé, j’ai mal partout et je n’ai pas la possibilité d’en sortir. » C’est le contact possible avec « la nuit noire de l’âme » des mystiques chrétiens.

 

La troisième phase, c’est la traversée du canal de naissance.

Dans la « matrice 3 », il y a une lumière au bout du tunnel, l’espoir revient. Par contre, c’est le moment du combat. C’est à ce moment-là que, dans les séances de Respiration Holotropique, les personnes vivent de grands combats, même si nous, nous voyons une naissance. C’est la lutte mort-renaissance.

 

La quatrième phase, c’est l’expulsion elle-même.

Cette « quatrième matrice » est une matrice assez spéciale parce qu’il y a un soulagement mais en même temps, il peut y avoir du sang, de l’urine, des selles. Elle peut donc être liée au soulagement extrême, au bonheur, à la libération, à des états de félicité extraordinaires et aussi à des problématiques sexuelles, où règne une grande confusion.

La qualité de l’accueil à la naissance va sans doute orienter aussi beaucoup de choses. Après les expériences de naissance, certaines personnes peuvent trouver cet accueil qui leur a manqué et faire une expérience neuve marquant une nouvelle étape de vie.

 

Voilà les quatre matrices. Encore une fois, ce sont des expériences qu’on peut vivre à tous les niveaux de l’être : un niveau très spirituel, un niveau très corporel, et tous les niveaux entre les deux. Elles relient souvent au transgénérationnel car bien sûr, nous portons nos aïeux dans nos cellules, en particulier dans les moments de naissance où tant de mémoires corporelles sont blessées avec les enfants morts, les avortements, les stérilités, les abus, ….

 

Les expériences transpersonnelles forment l’autre grande famille d’expériences possibles en Respiration Holotropique. Ce sont les expériences où l’on n’est plus identifié à la personne qu’on est, à cette forme physique, à cette personnalité de survie. Car si chaque personne se construit en réaction, en adaptation positive et créative à son environnement, elle a aussi une nature véritable comme disent les bouddhistes, ou un JE SUIS, qui transcende cette personnalité. C’est, en dehors de tout dogme religieux, la croyance de base des thérapies transpersonnelles, ou de celles qui intègrent la dimension spirituelle de l’être.

 

C’est un champ immense que celui des expériences transpersonnelles. Je ne peux que vous en donner quelques exemples. En voilà un : je me souviens d’une femme qui m’appelle pendant la séance pour me dire que l’expérience ne marche pour elle. Je lui demande donc ce qu’elle ressent. Elle me dit « ma grand-mère est avec moi, et je ne l’ai jamais connue ». Cette femme était en pleine expérience sans s’en apercevoir et elle communiquait avec une personne morte quelle n’avait jamais rencontrée.

On peut vraiment avoir des expériences très fortes. Autre exemple, je me souviens d’une séance ou j’étais au milieu des femmes. Il y en avait devant et derrière, on marchait. C’était fatigant et douloureux avec toutes ces femmes autour de moi. Ce poids de la vie des femmes qui est très lourd et pesant. C’était vraiment une expérience personnelle et collective.

 

D »autres exemples : les expériences d’identification animale, végétale et minérale.

Comme vous me voyez là, j’ai l’air d’une femme… je suis aussi une fleur. J’ai vécu ça il y a très longtemps. C’était très impressionnant parce que je sentais les racines, la sève qui montait et la fleur qui s’ouvrait. J’ai été aussi un aigle. Ce qui est extraordinaire dans ces expériences c’est qu’on va vraiment en contact d’une connaissance immense. J’ai appris ainsi comment fonctionnaient les plumes des oiseaux en étant un aigle. Je suis allée vérifier et c’est vrai. 

J’ai été aussi une lionne avec ses petits et puis j’ai été une falaise. C’est peut être la falaise qui m’a le plus marquée parce que la plus éloignée de la conscience que j’avais de moi. Cela m’a fait un bien fou. J’ai vraiment senti l’esprit de la pierre. J’étais la pierre. Je sentais la pluie qui coulait sur moi et les oiseaux qui faisaient leurs nids, dans les cavités de la pierre et c’était  extrêmement touchant. Ces expériences agrandissent vraiment la conscience du quotidien.

 

Il y a donc toutes les identifications, il y a même des expériences de la télépathie.

Par exemple une femme, pendant sa respiration à Paris, voit son mari qui était à Barcelone secourir sa fille qui avait eu un problème. Cela c’est avéré vrai lorsqu’elle lui téléphona.

 

Les expériences transpersonnelles vont aussi jusque dans les expériences spirituelles ultimes qui sont, comme vous le savez, les expériences de contact avec l’esprit universel, ou de vide. Dans ces expériences, il n’y a plus ni sujet ni objet. Alors que dans les autres, c’est présent : c’est toujours moi Brigitte qui vit quelque chose. Dans les expériences ultimes, sujet et objet ont disparu. Il y a le vide, un vide, mais qui est plein, où tout et là.

 

Dans une séance de Respiration Holotropique, il y a très souvent beaucoup d’étapes avec plusieurs types d’expériences, parce que ça dure trois heures en moyenne. Et tout cela accompagné par la musique. Quand je fais des séquences musicales, je prends des morceaux déjà composés et je les additionne pour faire une sorte de vague avec différents types de musique qui font appel à différents niveaux à l’intérieur de la personne. On peut dire aussi différents niveaux énergétiques, ou d’autres diront différents chakras, peu importe. C’est ainsi que Grof a conçu le déroulement des musiques.

 

Dans les stages, la plupart des gens terminent dans un état d’ouverture, d’amour et de gratitude. C’est très fréquent mais pas automatique, il peut y avoir un processus inachevé, quelque chose qui reste sur le cœur ou coincé dans le corps. La personne sera alors accompagnée pour aller vers un aboutissement, une résolution quand c’est possible bien sûr.

 

Comment accompagne-t-on la Respiration Holotropique? D’abord, il est fondamental que le thérapeute lui-même ait beaucoup voyagé dans tous ces différents espaces. On ne sait pas du tout ce que la personne est en train de vivre lorsqu’on est face à quelqu’un qui respire. On voit que cela ressemble à une naissance par exemple, mais en gros c’est tout. On voit des personnes immobiles, parfois pendant trois heures, et qui paraissent mortes. D’autres vont bouger dans tous les sens, gesticuler ou faire des mouvements très précis avec leur corps. Cela émerge sans la volonté. Des états de grâce, des traversées d’horreur. Des gens  crient,   rient,  pleurent. Toute l’humanité est là et c’est très touchant. Pour le thérapeute, c’est donc non seulement important d’avoir vécu ces états de conscience non ordinaire, d’avoir fait l’expérience de ces espaces intérieurs, mais aussi d’avoir vécu sa vie d’être humain ordinaire, d’avoir de la bouteille comme on dit.

 

Ensuite, ce qui va compter c’est le cadre, le contenant qu’on offre. Beaucoup d’expériences de ce genre sont faites un peu partout mais ce qui semble faire la différence c’est le cadre et le contenant dans lesquels le séminaire est proposé. Le contenant que nous proposons est d’abord un contenant de sécurité c’est-à-dire avec des règles très précises et très simples. Par exemple, vous êtes en week-end et on vous demande de rester jusqu’à la fin. Par contre, si vous ne voulez pas faire quelque chose, on ne vous y obligera pas bien sûr mais vous vous engagez à demeurer dans la pièce où l’on travaille. D’autres règles sont : pas de sexualité, de séduction ou de passage à l’acte violent. On peut accompagner la violence sans problème, mais on ne se fait pas mal, ni on ne fait du mal à l’autre, et on ne casse pas le matériel, sauf celui qui serait proposé pour cela….

 

Ce contenant repose aussi sur des thérapeutes qui eux ont aussi intégré un cadre interne parce que quand on va dans des états non ordinaires de conscience ou prend les risques de l’inconnu. L’accueil et la sécurité sont fondamentales pour qu’une personne puisse lâcher le contrôle du mental, du Surmoi. Les gens sont comme ils sont et ils arrivent avec leur bagage. Nous n’allons pas essayer de faire advenir quelque chose mais d’accompagner et soutenir ce qui vient. Le contenant et la technique de Respiration Holotropique suffissent pour qu’émergent des expériences guérisseuses. On accompagne beaucoup la personne physiquement et on discute rarement. Il ne s’agit pas de faire remonter les personnes dans le mental et puis la musique fait du bruit. On peut échanger quelques phrases mais on va surtout accompagner dans le corps. Et on prend le temps.

 

Il y a plusieurs directions pour l’accompagnement.

Premièrement, on peut aider quelqu’un à amplifier ce qui se passe pour lui, dans son corps.

Ce que fait beaucoup Grof, c’est d’appuyer sur une zone douloureuse ou de contenir la personne pour qu’elle trouve sa propre force. Cela vous devez le savoir. Et parfois c’est vraiment costaud, parce que quelqu’un qui est dans un état de conscience non ordinaire a une force décuplée. Quand j’ai contacté ma colère il y avait sept hommes qui me tenaient. Pourtant, je suis toute menue. Il faut un répondant en face de soi pour contacter sa force. C’est la raison pour laquelle on a besoin d’être nombreux pour offrir à une personne la force suffisante pour qu’elle exprime sa puissance et ses émotions qui passent souvent par la rage. Cette forme d’accompagnement est très fréquente.

Il y a aussi bien sûr tous les contacts physiques de soutien, c’est-à-dire prendre la main, prendre la personne dans les bras, la tenir…

Tout cela est cadré, il n’y a pas de flou sur notre cadre. Et un contrat est passé avant le début de chaque séance, qui complète les règles du cadre général du séminaire.

Pour le temps de Respiration Holotropique, les stagiaires constituent des duos et l’expérience se vit à deux : un accompagnant et l’autre qui fait l’expérience et qu’on appelle « respirant ». Dans un deuxième temps, ils échangeront leurs rôles. Donc le contrat entre les deux concerne trois points essentiels : d’abord les parties fragiles du corps du respirant qu’il s’agit de protéger, deuxièmement la question du contact : on demande au respirant s’il accepte d’être touché ou pas, en cas de nécessité. Enfin troisième point : s’il veut être accompagné pour la phase d’hyperventilation et s’il a d’autres demandes. L’accompagnant va rester près de son respirant tout le temps de l’expérience et va être le garant de son contrat. Mais les contrats sont négociables. Très souvent la personne qui ne veut pas être touchée a au contraire un besoin extrême d’être touchée. On ne la touche pas sans son autorisation, bien sûr, mais on va peut être sentir à un moment donné que l’on peut l’approcher et lui proposer de mettre une main sur son épaule par exemple. Pour ceux qui acceptaient d’être touchés, ils peuvent au contraire plus tard se sentir envahis. Il s’agit donc de vérifier que les personnes et leur « voyage » sont respectés.

 

Ce voyage est un magnifique processus, car c’est un processus personnel et relationnel : en groupe et à deux, entre l’accompagnant et le respirant. L’expérience que va vivre l’accompagnant est parfois aussi forte, peut-être davantage que pour le respirant. L’accompagnant voit autour de lui tellement de situations touchantes, des choses belles, aussi bien que douloureuses. Les deux expériences de Respiration Holotropique comme respirant ou accompagnant sont réparatrices, guérisseuses ou bonnes de toute façon, parce que c’est le corps lui-même et l’organisme qui font émerger tout cela. Et parce que c’est vraiment du vécu.

 

L’intégration des expériences est très importante. Avant toute autre chose, dans le temps du séminaire, on dessine ou on peint avant de parler, cela fait partie de la technique de Grof. On donne aussi du temps pour l’expression du corps, la danse, la voix, on propose parfois l’argile… Bien sûr il y a toujours des moments de partage verbal, étape importante sur le chemin de conscience et nous évitons l’interprétation, une expérience est polysémique et nous cultivons le respect pour la richesse des êtres et de leur vécu..

Un processus de respiration peut durer des jours voire plusieurs semaines, dans les prises de conscience, les réorganisations intérieures. Les personnes qui ne seraient pas accompagnées par un thérapeute pour l’instant vont avoir un rendez-vous quelques jours ou semaines après le séminaire.

 

La plupart du temps les vécus sont très intenses. Or si on recherche l’intensité, l’attachement à l’expérience devient vite un frein à l’évolution. Nous y sommes attentifs et proposons ces expériences dans le cadre d’un séminaire de psychothérapie où les personnes sont aussi ramenées à elles-mêmes. Nous faisons attention à l’appel du magique et du spirituel qui parfois sert d’échappatoire à la vie relationnelle quotidienne. Il n’y a pas de magie même si cela paraît extraordinaire de se reconnecter à ses sensations, à son ressenti, et de le voir prendre de l’expansion et se modifier. En fait ça vient du corps, c’est naturel, et c’est parfois extra-sensoriel. Accéder à des champs de conscience de divers règnes, à des mémoires profondes de lien, c’est assez particulier dans le monde de l’esprit. Mais venir en tenant à vivre une expérience spirituelle, c’est un peu délicat : le corps n’est pas toujours d’accord, soit il n’est pas prêt, soit il a autre chose à vivre avant, comme une réparation, ou simplement un vieux bagage à digérer…

 

Et il y a toujours une présence pour la personne qui respire, avec l’accompagnant d’abord et puis l’équipe de thérapeutes. Dans notre vie, et dans notre enfance, c’est rare qu’on puisse compter comme cela sur quelqu’un, quelqu’un qui va rester là près de nous pendant trois à cinq heures… Cette présence est déjà un cadeau pour beaucoup des participants.

C’est un grand honneur et c’est très touchant d’accompagner les personnes avec la Respiration Holotropique, parce que cette pratique fait appel à l’âme et au guérisseur intérieur. La relation, le corps et le mystère sont là très vivants.

 

Petite conclusion

Dans certaines thérapies on cherche à rendre les personnes motivées, efficaces et performantes, mais ce n’est qu’un aspect du cheminement humain. Les thérapies transpersonnelles, avec la Respiration Holotropique en particulier, préfèrent accompagner les personnes vers plus d’autonomie, de liberté et de lien. Une liberté personnelle, un lien avec soi-même certes, mais aussi un élargissement de conscience à différents plans avec une place nouvelle dans le collectif. D’aucuns disent qu’un week-end de séminaire fait gagner six mois ou un an de thérapie. Evidemment on ne peut pas savoir, mais il est vrai que cette pratique « booste » le processus de transformation en ouvrant des espaces intérieurs qui n’ont en général pas pu être dépliés autrement. Et cette ouverture émerge de la personne elle-même et de sa sagesse profonde dans le corps.

 

 « Quand nous nous posons la question qui suis-je, pourquoi suis-je, regardons à quel point nous sommes démunis pour répondre, alors que nous avons peut-être à portée de main le lieu de la grande réponse. » Nous allons dans des livres chercher des étymologies, des références et explications. Et si la réponse était là dans le corps lui-même, et si le corps était le grand instructeur lui-même, celui que nous n’écoutons pas assez. » Yvan Amar

 

 

Question/réponses :

 

Quelles différences entre le Rebirth et la Respiration Holotropique ?

Il y a beaucoup de sortes de Rebirth, beaucoup aussi de personnes qui travaillent avec le souffle sans avoir été formées, mais à partir de leur pratique personnelle.

Les différences fondamentales :

            – la RH se pratique toujours avec de la musique

            – L’expérience dure trois heures au moins (les expériences de Rebirth sont beaucoup plus courtes)

            – Dans la plupart des Rebirth, on garde l’attention sur la respiration tout au long du travail… En RH la respiration ne sert que de « rampe de lancement » même si on peut y revenir quand on veut bien sûr.

            – La RH se pratique essentiellement en groupe qui est fondamental pour l’énergie du processus, même s’il arrive que l’outil soit adapté à l’individuel.

 

 

Comment est établi le choix musical ?

Selon la vague évoquée tout à l’heure… La vague débute avec de la musique tribale, des percussions, elle fait appel à la terre, met en état de transe. Ensuite on passe à des musiques qui ouvrent, un niveau plus lyrique, pour contacter des espaces un peu plus larges, ouverts… Puis viennent des musiques touchant davantage le plan émotionnel et plus près du cœur. Enfin on termine avec des musiques apaisantes, relaxantes, de méditation, calme et paix…

Les musiques ne sont pas à écouter, et il ne s’agit pas de « suivre » les phases. Le respirant se laisse plutôt porter par la musique et souvent il finit même par l’oublier, la sagesse de son processus prend le dessus …

 

 

Holotropique, ça veut dire quoi au juste ?

Ça vient du grec, holos le tout, et  trepein, qui va vers. Holotropique signifie donc : qui va vers le Tout.

 

 

Est-ce qu’il y a une progression entre les expériences ou est-ce mélangé ? Du nettoyage, ou du biographique en premier, puis de l’extatique ?

C’est apparemment complètement mélangé le plus souvent, mais ça suit une cohérence interne. D’une expérience à l’autre ou dans la même expérience, il y a souvent une sorte d’alternance entre phases nourricières et phases de nettoyage, phases de révélations, etc… Il peut y avoir aussi un simple travail corporel. Dormir fait aussi partie des expériences possibles, comme un lâcher prise profond.

 

Quand on part comme ça, arrive-t-il que certaines personnes ne reviennent pas ?

Nous ne prenons pas de personnes avec des pathologies psychiatriques graves, sauf dans un cadre précis, avec un psychiatre, un traitement et un suivi spécifiques. Mais tout le monde est toujours « revenu ».

Le fait est qu’on peut contacter son « noyau psychotique », la part de nous qui est coupée, hors lien. Il faut donc un bon contenant, et que le thérapeute ne soit pas pressé. Il arrive que certaines personnes aient besoin de plus de quatre à cinq heures pour réellement « revenir ». Sur plus de 200 séminaires que j’ai animés, une seule personne, une seule fois, a vraiment décompensé. Nous avons gardé et accompagné cet homme la nuit après le séminaire. Ensuite il a pu être soutenu par une médication très provisoire. Dans ce genre de cas, la présence du thérapeute est capitale : il faut du contenant, du contact. Nous savons aussi qu’il y a des ouvertures qui secouent beaucoup la psyché et que les étiquettes peuvent être restrictives : décompensation psychotique ? Émergence spirituelle ? Cela a demanderait un approfondissement supplémentaire.… Tout dépendra, dans tous les cas, de la qualité du cadre, solide et sécurisant. Soyons des thérapeutes avertis, conscients et humbles.

 

Les abysses et les abîmes sont accessibles par la Respiration Holotropique, et nous sont nécessaires, bienvenus, pour devenir des êtres plus authentiques et plus entiers. Comme les extases et les lumières… Comme nos histoires et nos rêves…

 

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